01 - Bienvenue à Dreamland

Coralie regardait autour d'elle, un peu perdue. Elle s'était réveillé à l'arrière d'une voiture, sans même se rappeler d'y être montée, et encore moins de s'être endormie. Elle avait mal au crâne, la bouche pâteuse, et l'impression de tenir la gueule de bois du siècle, pourtant, elle ne se rappelait pas avoir tant bu que ça la veille... mais, pouvait-elle même être sure que c'était la veille ?

À travers le pare-brise, elle voyait une route qui semblait sans fin s'étirer au milieu du néant. Tout semblait blanc, la terre, le ciel, la lumière. Elle serra les paupières et frotta ses yeux blessés par la lumière aveuglante.

Elle ramena son attention sur le conducteur. Il n'avait pas encore ouvert la bouche. Elle ne voyait de lui que sa nuque. Son cœur fit une embardée. Qui était ce type ? Comment elle avait atterri dans sa voiture ? Où il l'emmenait comme ça ?

Peu à peu, la migraine se calma et les souvenirs des derniers évènements lui revinrent.

Elle se rappela être venue dans ce coin paumé au milieu du désert pour tenter de rejoindre la Zone 51 comme le lui avait suggéré James, et après avoir trouvé un portail solidement clos, d'être retournée en ville en attendant de décider ce qu'elle devait faire. C'est là qu'elle avait été abordée dans un bar par un mec qui lui avait dit savoir où elle voulait aller et pouvoir l'aider.

Elle croisa son regard dans le rétro. Quand il lui demanda si elle avait bien dormi, elle se contenta de hocher la tête. Il ne semblait pas agressif ou animé par de mauvaises intentions pour l'instant, mais quelque chose dans sa voix la mettait mal à l'aise. Et puis avec ses lunettes, elle ne voyait pas ses yeux, elle avait horreur de ça.

Quand il précisa qu'ils seraient bientôt arrivés, elle commença à avoir sérieusement la trouille. Arrivés où ? À la zone 51 comme elle l'espérait ou dans l'antre d'un psychopathe qui aurait utilisé cette ruse pour attirer une femme trop naïve dans ses filets ? Qu'est-ce qui lui avait pris de suivre cet inconnu ? Intérieurement, elle maudit James de l'avoir envoyé dans une telle situation. *Je te jure James, si je me fais tuer par un psychopathe en tentant de rejoindre ton fameux camp, je te hanterai jusqu'à la fin de tes jours.*

Le hangar devant lequel il se gara n'avait rien pour la rassurer. Perdu au milieu de nulle part, elle pourrait bien hurler, personne ne l'entendrait. Coralie se demanda dans quelle mesure elle pouvait profiter qu'il soit sorti de la voiture pour tenter de la lui voler et de prendre la fuite, avant de comprendre que ça ne l'avancerait pas beaucoup. Elle ne savait pas où elle était, elle ne savait pas dans quelle direction se trouvait la ville la plus proche, et puis de toute façon, elle n'aurait peut-être même pas assez d'essence pour faire le trajet de retour.

De toute façon, il était trop tard, il venait d'ouvrir sa portière. Elle quitta à contre cœur l'habitacle surchauffé mais réconfortant de la voiture en s'efforçant de ne pas le quitter des yeux. Elle refusa poliment la cigarette qu'il lui proposa et poussa un soupir de soulagement lorsqu'elle vit deux soldats, dont une femme s'approcher d'eux.

La soldate rousse s'approcha d'elle et lui demanda d'un ton avenant ce qu'ils pouvaient faire pour elle. Coralie lui rendit son sourire, regardant l'autre soldat se diriger vers le chauffeur avant de ramener son attention sur son interlocutrice.

« D'après ce qu'on m'a dit, je crois que je peux être utile ici. » répondit-elle simplement.

Coralie regarda la jeune femme avec des yeux écarquillés. Elle ne comprenait pas de quoi elle parlait, qu'est-ce que sa montre venait faire dans cette histoire. Et c'était quoi cette histoire de programme ? En fait de tout ce que lui avait raconté la soldate, Coralie n'avait comprit que le 51. Elle avait assez cherché la « Zone 51 » pour dresser l'oreille dés qu'elle entendait ce chiffre.

Elle ne s'était pas vraiment attendue à devoir montrer patte blanche pour entrer dans le camp, elle pensait trouver un truc comme on en trouve dans le monde entier dans les secteurs accueillant des réfugiés. Une ville de toile de tente, plus ou moins surpeuplée, plus ou moins protégée et plus ou moins bien organisée. Visiblement, il était question de tout autre chose ici. Mais elle avait fait le chemin jusque-là, et elle n'avait pas d'autre alternative. Alors, il allait falloir qu'elle se montre persuasive pour qu'on l'accepte.

« Heu, non, j'ai pas de recommandations. C'est un ami, il est militaire, il m'a dit qu'ici je pourrais être utile. Je suis infirmière. J'ai fait toute ma carrière dans l'humanitaire. Alors... Je pensais que... enfin, là où il y a des réfugiés, il y a toujours besoin de services médicaux. » plaida-t-elle.

Coralie sentit l'angoisse remonter en elle lorsque la rouquine lui expliqua qu'elle ne pouvait pas se contenter de sa parole et que si elle voulait rejoindre le camp, il lui faudrait prouver ses dires. Elle ne voyait pas comment elle pourrait faire. Elle ne se promenait pas avec un CV et des lettres de recommandation dans son sac.

Elle allait se faire éconduire et se demanda ce qui se passerait alors. Est-ce qu'elle devrait retourner en ville par ses propres moyens, à pied, à travers le désert ? Autant l'achever tout de suite. Mais, après tout, c'était peut-être ce qui risquait de lui arriver. Visiblement, cet endroit était un secret, elle les voyait mal la laisser repartir au risque qu'elle en parle.

Elle resta secoua doucement la tête, tout en réfléchissant furieusement, cherchant désespérément une solution, une idée qui lui permettrait d'arriver à s'incruster. Relevant les yeux, elle croisa le regard de la jeune femme et la compassion qu'elle y lut lui fit mal au cœur. Ce fut elle qui lui donna la solution.

Mais oui, évidement, s'ils avaient accès aux bases de donnée des organismes humanitaires, ils n'auraient pas de mal à la retrouver. Au grès de sa vie, elle avait travaillé pour à peu prés chacun d'entre eux.

« Oui! » s'exclama-t-elle "Oui, oui ! Vous me trouverez dans les bases de données ! Coralie Deltour ! Je m'appelle Coralie Deltour" précisa-t-elle en commençant à fouiller furieusement dans sa besace « Et j'ai des papiers d'identité, j'ai ça quelque part... »

Elle s'énerva de ne pas trouver et fini par se baisser pour vider son sac dans la poussière, libérant quelques livres de poche avant de pousser une exclamation ravie en découvrant le coin du précieux document dépassant des pages d'un des bouquins.

« Voilà ! » s'exclama-t-elle en se relevant, les joues rouges et le cœur battant pour tendre sa carte d'identité à la soldate avec un sourire victorieux qui fana presque instantanément. Elle venait de réaliser que le document qu'elle donnait était certes une carte d'identité, mais une carte d'identité française. Peut-être qu'ils n'acceptaient que les Américains.

Mais, si tel était le cas, il n'y avait pas grand chose qu'elle pouvait faire. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à espérer.

Victoria dormait d'un sommeil sans rêve quand elle sentit la chaleur puis la lumière du soleil lui inonder le visage alors que le véhicule dans lequel elle se trouvait amorçait un virage un peu sec. La tête encore un peu dans le coton, elle leva un bras lourd pour jeter un coup d'oeil à son poignet qui arborait une montre. 2 heures, c'est le temps qu'elle avait dormit. Si on pouvait appeler ça dormir puisqu'elle avait été réveillée de nombreuses fois par la route cahotante. Voilà déjà plus de heures qu'elle avait quitté le Canada pour venir se perdre aux Etats-Unis et on ne pouvait pas dire que les routes les plus entretenues aient été empruntées. Si tant est que les routes le soient toujours. Elle s'étira avec grâce autant que l’habitacle le lui permettait et réprima une grimace en sentant les muscles de son dos se crisper. Alors qu'elle entreprenait de masser la zone endolorie, une voix s'éleva. C'était son pilote qui avait du remarquer que sa passagère était réveillée.

Sa question récolta un léger grognement en guise de réponse, ce qui n'eut pas l'air de l'offusquer si on en croyait le sourire qui étirait ses lèvres. La jeune femme accueillie bien plus favorablement l'annonce de leur arrivée prochaine. Soulagée, elle se pencha pour tirer de la poche de sa veste déposée sur la banquette, une paire de lunettes de soleil. Une fois vissée sur son nez, elle s'adossa contre son siège et se mit à regarder attentivement la route qui défilait devant ses yeux au gré des kilomètres avalés par la voiture. Un paysage désertique s'entendait à perte de vue. La saison hivernale battait heureusement son plein, limitait ainsi les désagréments d'une température caniculaire. La militaire qui avait déjà eu maintes occasion d'évoluer dans ce type de région se demanda alors ce qui l'attendait. Lorsqu'elle avait reçu ce message de la part de l'un de ses anciens subordonnés engagé et certain qu'elle allait pouvoir être utile, elle avait été loin de s'imaginer toute la logistique que cela allait impliquer et surtout la difficulté.


C'est le chauffeur qui la sortit de sa rêverie en lui annonçant qu'ils étaient - enfin - arrivés. La jeune femme ne se fit pas prier pour ouvrir la portière et se lancer au dehors du véhicule. Sans être froid, l'air était agréablement frais. Elle s'étira encore une fois et cette fois-ci en tira une certaine satisfaction. Par réflexe, elle lissa son uniforme pour en éliminer les éventuels plis. Un claquement lui firent tourner la tête vers son conducteur qui avait allumé une cigarette et lui en proposait une. Elle refusa poliment puis entreprit de faire le tour du véhicule pour découvrir où ils avaient atterrit. Au milieu de cet environnement dépeuplé se tenait un vaste entrepôt. Cet endroit qui ne payait pas de mine et se trouvait perdu au milieu de nulle part allait à partir de maintenant constituer son environnement quotidien. Deux silhouettes se détachaient de ce paysage apparemment mort. Elles se dirigeaient d'un pas militaire vers les deux voyageurs.


La portière du coffre claqua et attira l'attention de Victoria vers le conducteur qui lui tendait son sac rempli du peu d'affaires qu'elle avait emporté avec elle. Elle le remercia et lui tendit un billet en guise de commission pour avoir mené à bien sa mission. Aucun doute qu'il était sûrement bien payé par les autorités compétentes mais c'était un réflexe qu'elle avait depuis toujours envers ses indics ou autres agents.

Elle fut libre ensuite de s'intéresser aux deux individus approchant. Un homme et une femme portant leur arme. Ce fut cette dernière qui initia le contact de manière tout à fait aimable. Victoria s'était redressée déjà depuis un bon moment et les toisa tous les deux. Puis seulement son interlocutrice puisque le soldat la dépassa pour aller directement s'entretenir avec le conducteur du monospace. Elle pointa du doigt son badge qui pendait à l'un des pans de sa veste et se présenta.

"Je suis le capitaine Victoria Adams, de la 2eme Division du Canada. Un des membres de votre organisation m'a convaincue que je pourrais vous être utile." Elle ignorait si son informateur et ancien camarade avait parlé d'elle et prévenu qu'elle viendrait grossir les rangs. Toute cette histoire lui paraissait très nébuleuse pour l'instant et elle espérait très vite pouvoir avoir accès à du concret.

Alors que vous vous avancez et vous présentez, la jeune femme vous offre un salut irréprochable et vous informe de son identité à son tour.

"Cadet Alisson Elis, affectée à l'accueil des soldats de la division X." vous dit-elle avant de se détendre. "Nous vous attendions, mon capitaine. Si vous vouliez bien patienter, je vais prévenir mon supérieur"

Elle n'attend pas que vous répondiez pour porter sa main à sa ceinture, d'où elle décroche une radio avant de la porter à sa bouche.

"Mon Lieutenant ? C'est Elis. Vous m'avez demandé de vous prévenir à l'arrivée du Capitaine Adams. Elle vous attend à l'entrée."

La radio grésille et une voix masculine se fait entendre par l'intermédiaire de l'appareil.

"J'arrive tout de suite." vous informe-t-il toutes deux, sans fioriture.

La jeune femme range ensuite son dispositif de communication et reporte son attention sur vous.

"Il ne devrait pas trop tarder." dit-elle, comme pour meubler le silence. "Vous avez fait bon voyage ?"

Elle connait la réponse. Même si elle n'est pas arrivée de la même façon, elle accueille suffisamment de personnes et elle discute assez avec le chauffeur pour savoir que ce n'est pas le meilleur moyen d'arriver à Dreamland. Mais c'est malheureusement le meilleur moyen pour que toutes les arrivées se fassent le plus discrètement possible.

Ainsi Victoria était attendue, c'était une bonne chose. Elle craignait que le message ait été mal passée et qu'elle doive endurer de longues heures d'attente, de démarches administratives et interrogatoires en tout genre pour prouver qui elle était et pourquoi elle était là. Le cadet se présenta comme les formalités l'exigeaient puis contacta son supérieur par radio. La réponse suivit dans l'immédiat et il ne restait à présent plus qu'à Victoria de patienter en attendant l'arrivée de ce fameux Lieutenant.

Pour tuer le temps, le cadet cru bon de devoir engager le conversation. Contente de pouvoir échanger quelque peu avec une autre personne que le chauffeur de son taxi des derniers jours, Victoria lui répondit cependant avec la rigueur inérante à son statut.

"Le voyage aurait pu être plus agréable, mais j'imagine qu'être arrivée ici sans encombre relève déjà d'un miracle."
Son regard se perdit derrière alors qu'elle considérait la base qui s'élevait à l'horizon et qui allait très vite devenir sa nouvelle maison.

"J'espère au moins que la base est plus confortable que ce vieux tacot." ajouta t-elle en désignant du pouce la voiture qui l'avait conduite à bon port.

12 jours. J’avais mis 12 jours pour atteindre la zone 51. La fameuse zone 51. Reprenons depuis le début.

Le Royaume Uni étant dans le même état que les autres pays après les attaques venue d’ailleurs, je me suis décidée à aller aux USA. Décidée à laisser mon pays derrière moi pour retrouver la « division ». Même si j’ai eu quelques doutes au départ, le fait de voir quelques personnes avec des montres orange ne laissait guère de place à ceux-ci.

Mon entrainement prenant le dessus, je me m’y à suivre certaines montres pour voir dans quelle direction ils partaient et comment. Ils n’avaient pas l’air très doué en discrétion. Remarque, avec le bordel ambient, la discrétion c’était la dernière de leur préoccupation. Les deux que j’avais pistée m’avaient amenée directement à une base aérienne… une base que je n’avais jamais remarquée et qui n’était pourtant pas très loin de mon lieu de travail. Inutile de dire que je ne pouvais pas rentrer là-dedans. Et vu la hauteur des grilles, les barbelées et le nombres de personnes qui surveillaient le lieu, ça devait être important. Mais cette base m’avait donnée une direction. Les USA.

Les avions étant coulés au sol, enfin que les avions civils manifestement, je dus prendre un bateau pour traverser l’atlantique. 8 jours de Southampton à New York. Et avec le matériel que j’avais récupérée chez mes parents et à la base, c’était délicat de pas faire paniquer tout le monde. Heureusement, mon uniforme de soldat britannique m’aida à passer sans trop de problème. Surement aussi l’écusson du SRR qui devait semblait important aux gens tellement il était peu connu. Personne ne me cherchait des noises et personne ne semblait être particulièrement rassuré lorsque j’étais présente. Aurais-je du leur dire que j’avais des armes et de l’équipement militaire dans mes sacs ? Surement la meilleure idée que j’ai jamais eue. Enfin 8 jours de relative tranquillité sur la mer. Ça me laissait le temps de penser à la suite.

Arrivé à New York, je me remis en chasse. Il devait y avoir quelques montres orange par ici et la chance me sourit assez vite. Je pris en filature un homme qui en portait une. Il partit vers l’est. Mais l’est c’est grand. Heureusement pour moi, je ne perdis pas ma cible et le suivit d’assez loin sur une moto que j’ai… disons emprunté… ouai bon ok je l’ai volé et alors ? Bref j’ai fini par le perdre dans un bar du coté du Nevada. Bon tant pis. J’avais besoin de repos et la moto de carburant.

J’ai alors fait ce que j’ai toujours fait à l’armée. Je me suis postée dans un coin et j’ai attendu de voir ce qu’il se passait. Et le moins que je puisse dire c’est que je me suis bien fait chier. Ça m’a permis de me reposer comme il fallait et aussi de voir qu’il y avait un type qui essayait de passer le plus inaperçu possible. En fait je l’ai remarquée quand j’ai vu une autre montre se faire aborder par ce type. Et bien évidement j’ai suivi les deux.

Chevauchant ma moto volée, je suis arrivée tout sourire devant le chauffeur, la montre, qui s’empressa de rentrer, et devant les soldats qui gardaient l’entée.

-Bonjour tout le monde, c’est ici pour défoncer E.T ?

Moi en colère… nan à peine.